28.4.2025

Ce que vos entretiens annuels disent de votre culture… sans que vous le sachiez

Quand l’évaluation révèle plus que prévu

L’entretien annuel est souvent perçu comme une formalité RH, un passage obligé que l’on organise chaque année, avec plus ou moins de conviction. Mais derrière sa routine apparente, ce rituel en dit long — parfois bien plus qu’on ne le pense — sur la culture réelle d’une entreprise.

Il suffit d’observer comment il est préparé, mené, vécu et suivi pour comprendre ce que l’organisation valorise vraiment. Est-ce la transparence, l’écoute, la performance, la conformité, la confiance ? Ou au contraire, le contrôle, la verticalité, le pilotage des risques ?

En réalité, chaque entretien est une loupe sur la qualité de la relation entre entreprise et collaborateur. Et bien souvent, les signaux envoyés ne sont pas ceux que l’on croit.

Avant même l’entretien, des signaux faibles s’accumulent

Bien avant le jour J, certains comportements donnent déjà le ton :

  • Convocation tardive, imprécise, impersonnelle : traduit une faible considération.
  • Absence de trame envoyée à l’avance : génère de l’insécurité, empêche la préparation.
  • Manager débordé, peu disponible pour planifier l’échange : signal d’une culture orientée tâches, pas relations.
  • Pas d’objectifs clairement rappelés : montre que l’entretien n’a pas de finalité partagée.
Un collaborateur attentif comprend immédiatement si cet entretien est un outil sincère d’écoute ou une obligation réglementaire qu’on expédie.

Ce que révèle le déroulé de l’entretien

Une fois l’entretien commencé, tout parle : le ton, les postures, les silences, la structure.

  • Qui parle le plus ? Un manager en monologue = culture descendante.
  • Quelle place laisse-t-on à l’expression du collaborateur ? S’il est interrompu, recentré, cadré en permanence, c’est que l’écoute réelle est faible.
  • Les objectifs évoqués sont-ils imposés ou co-construits ?
  • Le vocabulaire est-il centré sur la “performance” ou sur la “contribution” ?
Un entretien annuel peut renforcer une culture de reconnaissance… ou l’inverse. Cela dépend entièrement de la posture adoptée.

Outils, supports, trames : révélateurs silencieux de votre fonctionnement

Trop souvent, les outils RH utilisés en entretien sont choisis pour leur praticité. Mais ces supports disent aussi quelque chose de votre culture :

  • Grilles standardisées, identiques pour tous les métiers : signe d’une culture de l’uniformisation.
  • Formulaires centrés sur des KPIs mais pas sur les ressentis : vision strictement opérationnelle du travail.
  • Aucune trace partagée avec le collaborateur : manque de transparence.
  • Plateforme numérique sans feedback humain : sentiment d’automatisation des RH.
L’outil n’est jamais neutre. Il véhicule une vision implicite de la relation hiérarchique, de la confiance, de la place du salarié dans l’organisation.

Pendant l’entretien : le ton, les promesses, les angles morts

Ce que le collaborateur attend (souvent sans le dire) : être entendu. Être considéré comme partie prenante.

Mais certaines pratiques RH peuvent involontairement envoyer l’inverse :

  • Manque de regard sur les promesses non tenues par l’entreprise.
  • Focus exclusif sur les erreurs passées, sans perspective d’évolution.
  • Ton technocratique, langue RH, absence d’empathie.
Même les collaborateurs les plus engagés peuvent ressortir de l’entretien avec un sentiment de distance, de décrochage, voire de lassitude.

Ce que devient l’entretien après… ou ne devient pas

Un bon entretien laisse une trace. Un mauvais s’évapore.

  • Y a-t-il un suivi réel des engagements pris ?
  • Le collaborateur reçoit-il un feedback sur la base de cet échange ?
  • Y a-t-il un retour d’expérience RH sur la qualité perçue des entretiens ?

Quand rien ne suit, le message implicite est le suivant :

"Tu as parlé, mais cela n’a pas vraiment compté."

Et cela entame la confiance, parfois pour longtemps.

Et si vous laissiez aussi le collaborateur… évaluer l’entretien ?

Une démarche de maturité culturelle consiste à ouvrir la boucle.

  • Que pense le salarié de l’utilité de l’entretien ?
  • A-t-il pu exprimer ses souhaits, ses difficultés, ses idées ?
  • Perçoit-il que cet échange a du poids dans la stratégie RH ?
  • Serait-il prêt à y revenir l’année suivante avec enthousiasme ?

Un entretien, ça s’évalue aussi.

Ressources utiles : des formats prêts à l’emploi pour structurer l’entretien

Pour les RH à la recherche d’outils fiables, plusieurs structures publiques ou para-publiques proposent des modèles gratuits :

Le bon outil ne fait pas tout… mais il structure l’intention.

Un entretien = un miroir culturel

L’entretien annuel n’est pas qu’un moment RH.

C’est un révélateur puissant de la manière dont l’entreprise considère ses salariés :

  • Sont-ils écoutés ou observés ?
  • Sont-ils partenaires ou exécutants ?
  • Ont-ils voix au chapitre ou doivent-ils juste cocher des cases ?
Les RH ont aujourd’hui l’opportunité de transformer ce rituel — trop souvent perçu comme vide — en un levier fort de cohérence culturelle, de confiance et d’engagement.

Et cela commence par une prise de conscience simple :

Ce qu’on pense faire… n’est pas toujours ce que l’autre perçoit.

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