Dans la plupart des entreprises, l’évaluation des performances suit toujours la même logique : les managers évaluent, les collaborateurs écoutent. Un modèle unidirectionnel, hérité d’une culture où la hiérarchie détenait toute la légitimité du jugement.
Mais aujourd’hui, les lignes bougent.
Dans un monde du travail plus horizontal, où l’on parle d’écoute, de transparence et de culture du dialogue, une question émerge de plus en plus clairement :
Et si, pour une fois, les rôles s’inversaient ?
Pas pour critiquer ou sanctionner.
Mais pour instaurer une relation plus équilibrée, plus sincère — où le feedback devient un outil partagé, mutuel, et bénéfique pour tous.
C’est l’idée du feedback inversé : permettre aux collaborateurs d’évaluer à leur tour les managers, dans un cadre constructif.
Pendant longtemps, l’idée même d’un feedback “remontant” semblait irréaliste, voire dérangeante. Donner son avis sur un supérieur hiérarchique ? Ce n’était “pas le moment”, “pas le lieu”, “pas approprié”.
Pourtant, ce que demandent aujourd’hui de nombreux salariés n’a rien d’agressif :
Ils souhaitent simplement pouvoir exprimer leur ressenti, partager leur expérience, être écoutés — au même titre que leurs managers le sont déjà.
Dans une entreprise qui affirme valoriser l’humain, le feedback ne peut pas être à sens unique.
Car si l’on demande à un collaborateur de progresser, pourquoi ne pas offrir aussi à un manager des clés pour s’améliorer dans son rôle ?
Quand l’environnement est sain, les retours remontent naturellement. Mais lorsque ce n’est pas le cas, les non-dits s’accumulent.
Voici ce que les collaborateurs n’osent pas toujours formuler :
Ce sont des signaux faibles.
Et ce sont précisément ces signaux qui permettent à un manager de mieux comprendre son impact, d’ajuster sa posture et d’éviter les incompréhensions.
L’objectif n’est pas de fragiliser les managers ou d’ouvrir la porte à des critiques injustifiées.
Bien au contraire.
Quand il est bien encadré, le feedback inversé devient :
Et ce qui change tout, c’est l’intention derrière la démarche :
Elle ne vise pas à noter, mais à mieux se comprendre.
Voici quelques bonnes pratiques observées dans des organisations ayant franchi le pas :
Préciser les objectifs : il ne s’agit pas de sanctionner, mais de recueillir des ressentis.
La posture attendue ? Écoute, ouverture, absence de jugement.
Certains collaborateurs auront besoin de se sentir protégés pour oser s’exprimer librement.
Mais avec le temps, les espaces de dialogue peuvent devenir ouverts, naturels, intégrés à la vie d’équipe.
Être manager ne signifie pas tout savoir.
Il faut parfois former, soutenir, rassurer, pour que le feedback remontant soit vécu non comme une menace, mais comme un levier de progression.
Et si les services RH eux-mêmes s’intégraient à cette culture du feedback croisé ?
Être à l’écoute des collaborateurs, c’est aussi accepter que les processus RH soient questionnés, améliorés, adaptés.
Un collaborateur écouté est un collaborateur engagé.
Un manager qui accepte le dialogue est un manager crédible.
Et une entreprise qui ouvre la voie au feedback inversé est une entreprise qui assume que chacun peut avoir un impact — quel que soit son niveau hiérarchique.
Le feedback inversé ne remplace pas les évaluations classiques.
Mais il les complète. Il les enrichit. Et parfois, il rétablit une confiance abîmée.
Un projet, une idée ou une question ?