18.4.2025

Pourquoi votre livret d’accueil peut déstabiliser un collaborateur neuroatypique

Un moment d’accueil, ou un mur invisible ?

Lorsqu’un nouveau collaborateur arrive en entreprise, on lui remet un livret d’accueil.

PDF ou papier, souvent bien maquetté, parfois plein d’icônes, d’organigrammes, de valeurs affichées.

Mais pour certains, ce document peut générer plus de confusion que de clarté.

Surtout s’ils font partie des 15 à 20 % de la population considérée comme neuroatypique : autisme, dyslexie, TDAH, HPI ou troubles du traitement du langage.

Là où un salarié “neurotypique” y voit un outil administratif neutre, d’autres peuvent ressentir un déluge d’informations non hiérarchisées, des formulations ambiguës, ou des injonctions implicites anxiogènes.

C’est rarement intentionnel. Mais c’est bien réel.

Des livrets pensés pour tout le monde… sauf pour la diversité cognitive

Le paradoxe, c’est que les entreprises parlent aujourd’hui beaucoup d’inclusion.

Mais leurs supports d’onboarding — à commencer par le livret — sont rarement conçus en tenant compte de la neurodiversité.

Dans un témoignage poignant publié sur Hattalks, une personne autiste explique ainsi comment certains mots ou constructions de phrases peuvent créer une surcharge cognitive :

“Je passe un temps considérable à décoder le langage. Non pas à comprendre les mots, mais à comprendre ce que la personne essaie réellement de dire.”

Un livret dense, mal structuré, ou rempli de jargon RH peut donc avoir des effets invisibles :

  • Confusion
  • Anxiété
  • Sentiment d’exclusion dès les premières heures
Et cela n’a rien à voir avec la motivation ou l’intelligence. C’est une différence de fonctionnement cognitif, pas une déficience.

Les erreurs invisibles mais fréquentes dans les livrets d’accueil

Voici ce que de nombreux collaborateurs neuroatypiques rapportent lorsqu’on les interroge :

  • Trop d’informations d’un coup, sans hiérarchisation visuelle
  • Aucune explication du “non-dit” RH (formules vagues, sous-entendus culturels)
  • Organigrammes flous, sans lien clair avec les missions
  • Ton impersonnel, qui rend la lecture froide et anxiogène
  • Absence de version alternative (audio, simplifiée ou structurée)

Dans un article de Matthew Bellringer, expert en design de contenu inclusif, il souligne un point essentiel :

Créer du langage accessible pour les profils neurodivergents ne veut pas dire appauvrir le message. Cela signifie lui donner une forme que tout le monde peut réellement intégrer.

Repenser le livret comme un outil de sécurité cognitive

Et si, au lieu de penser “inclusivité”, on pensait accessibilité cognitive ?

Et si le livret d’accueil devenait un outil de repères, de réduction de la charge mentale, et non un test de conformité implicite ?

Voici des leviers concrets à intégrer dans une version plus inclusive :

1. Design épuré et progressif

  • Titres clairs, mots simples, paragraphes courts
  • Table des matières dynamique
  • Mise en valeur visuelle des points clés

2. Versions alternatives

  • Format audio ou vidéo explicatif
  • Livret “FALC” (Facile à Lire et à Comprendre)
  • Résumés en encadrés pour chaque section

3. Informations utiles, pas seulement corporate

  • À qui s’adresser si je ne comprends pas une consigne ?
  • Quels sont les codes implicites dans cette entreprise ?
  • Comment faire remonter un inconfort sans crainte ?

Comme le souligne un article publié dans Harvard Business Review :

Ce n’est pas aux personnes neurodivergentes de s’adapter à des systèmes pensés sans elles. C’est à l’organisation d’élargir ses standards de normalité.

Ce que les entreprises gagnent en osant cette approche

On pourrait penser qu’il s’agit d’un effort RH pour une minorité.

Mais les bénéfices sont bien plus larges :

  • Réduction du stress et du flou dès les premiers jours
  • Meilleure intégration des profils atypiques, souvent très performants
  • Culture de la clarté et de l’empathie qui profite à tous
  • Image employeur renforcée auprès des jeunes générations sensibles à l’inclusivité

Et surtout : une cohérence entre ce que l’entreprise affiche… et ce qu’elle incarne vraiment.

Ce que votre livret d’accueil dit (en silence) de votre culture

Un livret d’accueil n’est pas qu’un PDF.

C’est une porte d’entrée symbolique. Une première impression concrète. Et pour certains collaborateurs, la première alerte d’un système qui n’a pas pensé à eux.

Repenser le langage, le ton, le format, ce n’est pas du confort RH.

C’est une question d’équité et de confiance.

Et c’est parfois le tout premier acte d’inclusion qu’une entreprise peut poser.

Contactez-nous

Un projet, une idée ou une question ?

Promis, nous vous recontactons sous 24-48h. !
Une erreur s'est produite lors de la soumission du formulaire.