Lorsqu’un nouveau collaborateur arrive en entreprise, on lui remet un livret d’accueil.
PDF ou papier, souvent bien maquetté, parfois plein d’icônes, d’organigrammes, de valeurs affichées.
Mais pour certains, ce document peut générer plus de confusion que de clarté.
Surtout s’ils font partie des 15 à 20 % de la population considérée comme neuroatypique : autisme, dyslexie, TDAH, HPI ou troubles du traitement du langage.
Là où un salarié “neurotypique” y voit un outil administratif neutre, d’autres peuvent ressentir un déluge d’informations non hiérarchisées, des formulations ambiguës, ou des injonctions implicites anxiogènes.
C’est rarement intentionnel. Mais c’est bien réel.
Le paradoxe, c’est que les entreprises parlent aujourd’hui beaucoup d’inclusion.
Mais leurs supports d’onboarding — à commencer par le livret — sont rarement conçus en tenant compte de la neurodiversité.
Dans un témoignage poignant publié sur Hattalks, une personne autiste explique ainsi comment certains mots ou constructions de phrases peuvent créer une surcharge cognitive :
“Je passe un temps considérable à décoder le langage. Non pas à comprendre les mots, mais à comprendre ce que la personne essaie réellement de dire.”
Un livret dense, mal structuré, ou rempli de jargon RH peut donc avoir des effets invisibles :
Et cela n’a rien à voir avec la motivation ou l’intelligence. C’est une différence de fonctionnement cognitif, pas une déficience.
Voici ce que de nombreux collaborateurs neuroatypiques rapportent lorsqu’on les interroge :
Dans un article de Matthew Bellringer, expert en design de contenu inclusif, il souligne un point essentiel :
Créer du langage accessible pour les profils neurodivergents ne veut pas dire appauvrir le message. Cela signifie lui donner une forme que tout le monde peut réellement intégrer.
Et si, au lieu de penser “inclusivité”, on pensait accessibilité cognitive ?
Et si le livret d’accueil devenait un outil de repères, de réduction de la charge mentale, et non un test de conformité implicite ?
Voici des leviers concrets à intégrer dans une version plus inclusive :
Comme le souligne un article publié dans Harvard Business Review :
Ce n’est pas aux personnes neurodivergentes de s’adapter à des systèmes pensés sans elles. C’est à l’organisation d’élargir ses standards de normalité.
On pourrait penser qu’il s’agit d’un effort RH pour une minorité.
Mais les bénéfices sont bien plus larges :
Et surtout : une cohérence entre ce que l’entreprise affiche… et ce qu’elle incarne vraiment.
Un livret d’accueil n’est pas qu’un PDF.
C’est une porte d’entrée symbolique. Une première impression concrète. Et pour certains collaborateurs, la première alerte d’un système qui n’a pas pensé à eux.
Repenser le langage, le ton, le format, ce n’est pas du confort RH.
C’est une question d’équité et de confiance.
Et c’est parfois le tout premier acte d’inclusion qu’une entreprise peut poser.
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